28 de mayo de 2011

La Chine à l'assaut de l'art

Alors qu'une peinture contemporaine chinoise a battu dimanche un record mondial, l'Asie fait une percée sans précédent dans les ventes aux enchères.



Vase en porcelaine, datant du règne de l'empereur Qianlong (1735-1796).
En 2010, à Londres, il a été adjugé à plus de 83 millions de dollars.
 Crédits photo : guardian china/AFP
 En quelques années, le marché chinois a fait un bon spectaculaire. La Chine est désormais numéro un des ventes aux enchères pour les ventes de beaux-arts (peintures et sculptures). Selon l'étude d'Artprice, Tendances du marché de l'art 2010, «il ne lui aura fallu que trois années pour passer d'une troisième marche du podium, ravie à la France en 2007, à une première place devant le Royaume-Uni et les États-Unis».
Mais toutes spécialités confondues, l'Asie arrive encore en deuxième position avec 8,3 milliards de dollars de produit vendu, contre 7,9 pour le Royaume-Uni et 12,3 pour les États-Unis et seulement 1,8 pour la France. La plus grande progression est celle de l'Asie qui est passée de 14% en 2009, à 23% en 2010, alors que la France est tombée de 11 à 5%.

Vase en porcelaine, datant du
 règne de l'empereur Qianlong
 (1735-1796). En 2010,
 à Londres,
il a été adjugé à plus de
 83 millions de dollars.
En une décennie, le glissement des affaires vers l'Orient s'accélère. De nouveaux prix records y sont atteints comme celui décroché, dimanche, à Pékin, par une peinture de Qi Bashi, adjugée 46,5 millions d'euros (425,5 millions de yuans). C'est le deuxième plus haut prix, derrière une calligraphie de Huang Tingjian (47,87 millions d'euros), pour une œuvre d'art vendue en Chine.
Si la maison de vente China Guardian s'est refusée à communiquer le nom de l'acquéreur, il y a fort à penser qu'il s'agit d'un acheteur local, tant les Chinois sont prêts à payer le prix fort pour acheter les œuvres de leurs propres artistes qui ont représenté quinze des vingt meilleures enchères en 2010.

L'objet d'art chinois le plus cher du monde

En dignes patriotes, ils sont aussi prêts à s'enflammer pour leurs propres objets, vendus partout dans le monde d'autant plus si ceux-ci portent des marques impériales. Il y a quelques mois à Toulouse, un même acheteur chinois a acquis pour 12,4 millions d'euros un sceau impérial Qianlong et, pour 22 millions d'euros, un rouleau impérial également Qianlong.
«En 2005, explique François Curiel qui a repris la direction de Christie's à Hongkong, l'objet d'art chinois le plus cher du monde était un vase du XVIIIe siècle vendu 23 millions de dollars, contre 103 millions de dollars pour une peinture, en l'occurrence Le Garçon à la pipe de Picasso . En 2010, l'objet d'art chinois le plus cher du monde, un autre vase XVIIIe, s'est vendu 83 millions de dollars, à Londres, contre 106 millions de dollars également pour un Picasso. La différence s'est réduite de 70% avec l'envolée du marché chinois.»

Les milliardaires chinois de plus en plus nombreux

Le gouvernement chinois a redoublé d'efforts pour promouvoir l'art en Chine. L'Exposition universelle de Shanghaï en 2010 en est la preuve. La fierté de leur culture passe aussi par sa valorisation à l'échelle mondiale grâce à la montée en puissance de ses collectionneurs. Les milliardaires chinois sont de plus en plus nombreux. On recense 62 nouveaux milliardaires en 2010. Leur nombre devrait progresser d'environ 20% par an jusqu'en 2014. Ce sont eux qui font exploser les prix des valeurs sûres comme Warhol mais aussi les artistes en vogue comme Ai Weiwei, Zeng Fanzhi ou Zang Xiaogang.
Face à cette manne formidable, les foires d'art montent en puissance. Après celle de Shanghaï, celle de Hong­kong, qui ouvre demain, devrait être l'événement numéro un depuis que MCH Group, propriétaire d'Art Basel et d'Art Basel Miami, a pris une participation majoritaire avec une option sur le solde du capital exerçable d'ici à un an. Pour la prochaine édition, en février, les marchands français sont sur les rangs.

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